top of page
371c0dc6-4fff-40a2-9378-704333383828.JPG

RHAPSODIE DE PAPIER

Exposition du 13 au 28 février 2024

Une Danse Entre Matière et Émotion Façonné sur du papier de garde en coton, chaque tableau fusionne danse et musique à travers des techniques artistiques variées. Des reliefs sculptés, origamis délicats et aquarelle à l'or transforment chaque œuvre en une symphonie visuelle, révélant une poésie entre le mouvement du corps et la finesse du papier. Inspirés par les concepts visionnaires de Nicolas Tesla sur l'énergie, la fréquence et les vibrations, ainsi que par l'idée d'Inscape/Instress de Gerard Manley Hopkins, chaque tableau capture l'essence intérieure et l'âme particulière de son sujet. Guidé par des titres évocateurs, le spectateur est invité à découvrir une célébration artistique, révélant la magie du papier et la danse éternelle entre matière et émotion. Contexte de l'exposition les Origamis Voyageurs : Des papillons d'origami blancs font la liaison entre les tableaux. Comme des messagers entre les œuvres, les papillons symbolisent la liberté créative, transcendant les limites matérielles pour créer une danse fluide et intemporelle. Ils représentent la fragilité et la force du processus artistique, invitant le public à participer à cette exploration captivante de la beauté éphémère, dans un ballet artistique inspiré par l'opéra.

La discrétion du monde (critique de Sylvain Huard) L’esthétique baroque a scellé l’image d’un monde en perpétuel mouvement, voulant souligner ainsi ce qui était perçu comme un paradoxe fondateur de l’humanité : la consubstance de la permanence et de l’éphémère ou, pour l’entrevoir différemment, dans une acception baudelairienne, la permanence de l’éphémère. Parmi tous ses enjeux, l’art semble ne pas avoir mis de côté cette recherche de rendre visible, tangible, audible la tension entre ce qui dure et ce qui passe, entre ce qui est et ce qui paraît, entre l’un et le multiple, jouant l’équilibriste sur le fil plus ou moins tendu du présent et de ses troubles. Quelques siècles plus tard, au cours desquels la notion d’unité, de centralisation, d’absolu, a tenté de s’imposer, l’écrivain Italo Calvino, au cours d’une conférence prononcée en 1967, évoque la revanche de la divisibilité, de ce que les membres de l’OuLiPo, mathématiciens et poètes, ont alors nommé « la combinatoire », une revanche sur tout ce qui est de l’ordre du continu, de la fluidité, de la linéarité. Soulignant la discontinuité du monde, il en affirme alors la discrétion, au sens mathématique du terme : « [...] il mondo nei suoi vari aspetti viene visto sempre più come discreto e non come continuo » . Les œuvres de Caleme s’inscrivent, à notre sens, dans cette philosophie somme toute contemporaine du monde, à ceci près que la discrétion s’y pare d’une évidente polysémie. D’abord, la discrétion en action dans l’œuvre de Caleme semble pouvoir être liée à l’étymologie du terme, emprunté au bas latin discretio, se traduisant par « division », « séparation ». Elle prend en fait les atours de la finitude. Nous le soulignons sans originalité : chaque œuvre, si elle fait bien partie d’un tout, est une œuvre en soi. C’est le principe de la grenade, fruit baroque par excellence : il doit ce qu’il est à l’ensemble des graines qui le constituent. Ainsi, si la musique est le fil conducteur de l’exposition, chacune des œuvres de Caleme peut être isolée car elle demeure une entité à part entière. La composition Inscape, dominée par le chef d’orchestre, par exemple, reste en effet un opus autonome, de même que les figures dansantes qui occupent tout l’espace de certaines petites toiles telles que Élégance éphémère et Éclats de rêve. Et ainsi de toutes les créations. Mais revenons sur l’unité de cette exposition. D’un mur à l’autre, opérant un refrain, le sujet de l’opéra-ballet donne le ton, sans que les créations perdent de leurs sonorités propres. En ce sens, une nouvelle fois, la figure du chef d’orchestre au geste suspendu, figure majeure, par la taille et l’intensité, semblant puiser en lui l’énergie à transmettre à l’orchestre, ne dépareille nullement de ces corps habillés des mouvements dansants que les formats plus menus - Sérénade céleste, Ivresse mystique... - isolent avec une réelle grâce. Le tout s’orchestre. Et, de mouvement en mouvement, l’artiste crée son monde, crée un monde que La Symphonie visuelle matérialise. Le mouvement, justement... La discrétion, c’est également la faculté de savoir agir en s’efforçant de ne pas gêner. Ce caractère nécessite la plupart du temps la capacité de prendre du recul, de rester en retrait parfois, d’entreprendre ce mouvement qui participe à la paix des propos, à l’équilibre des situations. L’équilibre... l’œuvre de Caleme en est la manifestation. Les traits foncés se fondent à la blancheur du papier, les touches dorées prolongent les ombres des corps, les origamis collés accentuent le relief propre au papier, tandis que les découpes révèlent le potentiel créatif de cette matière, dans la tradition des cultures japonaises et chinoises. Les philosophies asiatiques, d’ailleurs, ont souligné bien avant la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle, c’est-à-dire bien avant le Baroque européen, la complexité du monde et des hommes, tous deux régis par le paradoxe et en quête perpétuelle d’un équilibre sinon salvateur au moins réparateur. Pour le premier, la nature s’en charge autant que l’homme le lui permet ; pour les seconds, ils s’y efforcent, non sans mal, par la science et les arts. Ce sont des mouvements qui transcendent les époques, comme des airs qui se faufilent à travers des branches, les animant d’un souffle et d’une voix sans cesse renouvelés. Rappelons-nous ce court texte du poète chinois classique Wang Po consacré au « vent » qui « va et vient, mais sans laisser de trace, / Se lève et s’apaise, comme s’il avait des sentiments. [...] », qui « fait naître [...] une voix dans les pins. » Élan et repos, silence et murmure, nature et humanité... et un monde de naître de cet équilibre : celui de Caleme. 45 La poésie de ses œuvres relève de cette harmonie ancestrale. Elle se décline volontiers en termes de douceur, de sérénité recherchée... en apparences. Car, comme pour le réel, à bien y observer, à bien y réfléchir, il y a là des aspérités... à la différence près qu’elles sont ici toutes en... discrétion. Une mystique les transcende, des Ivresses mystiques plus justement. Et si les collages d’origamis, ailes ou pétales, font apparaître, de biais ou par les ombres, des arêtes, des pointes... nous ne sommes cependant pas dans l’univers de Safaa Erruas, quand bien même, au-delà de la prédominance de la blancheur, pourraient s’y révéler une même intelligence du monde et une appréhension de ce qui fait l’humain pas si éloignée... en apparences. « De biais » venons-nous d’écrire... Il est en effet souvent intéressant d’exécuter ce pas de côté pour observer les œuvres d’art, d’en faire le tour ou simplement de scruter l’épaisseur au- dessus de la toile. Les créations s’enrichissent ainsi du mouvement du spectateur. Et celui-ci offre de nouvelles perspectives, comme si les œuvres de Caleme aspiraient, par le relief du papier collé ou découpé puis redressé, à devenir autres, à l’image des céramiques de l’artiste Eric Broug . Les dessins prennent vie, la forme tentant d’échapper au dessin, le papier s’émancipant de la forme et la lumière naissant in fine du papier. Caleme, comme le fit le poète Théophile Gautier en son temps, dédie ainsi son art à « une symphonie en blanc majeur » qui s’élève au-dessus de ce qui est, rejoignant l’idée que Marina Tsvetaeva se fait de la poésie : « partant de la terre - c’est le premier millimètre d’air au-dessus d’elle. » Et dans ce millimètre « au-dessus de » se murmurent les secrets des présences qui humanisent les créations de Caleme... Discrétion : qualité de la personne qui sait taire un secret. Le dessin, la peinture, en sont les incarnations artistiques. Au-delà des instants figés, des fils narratifs se tissent d’une œuvre à l’autre, des œuvres aux spectateurs, de Caleme à ses œuvres et à son public. Chaque interprétation, en lien au ressenti, confine alors au secret, des impressions qui nous individualisent, nous identifient, même si des mots, sur les toiles elles-mêmes, sont utilisés pour expliquer, traduire la pensée, partager le sentiment. Dans les interstices des paroles, au cœur des silences qui ponctuent le dit, dans l’ombre des mots, bat l’intime. Les personnages dessinés par Caleme l’accentuent, ce secret. Qui a-t-elle voulu représenter ? A-t-elle voulu représenter des personnes particulières ? Redonne-t-elle vie à des êtres rencontrés ? Sont-ils le produit de sa seule imagination ? Signifient-ils ?... Quelle vie les anime ? Quels liens les relient s’il y en a, par-delà le thème musical ? Telle danseuse, quelle musique lui donne cette force tourbillonnante ? Vers quel monde l’homme de L’Envol des spirales semble-t-il se propulser au point de se faire ange ? Et cet être qui naît du mouvement, dans Champ du changement 4, recroquevillé comme un fœtus, déjà homme, quel avenir va-t-il construire, quel futur peut-il encore façonner ? Secrets chargés d’humanité, tous ces personnages ont en commun les questions qu’ils suscitent et les potentialités qu’ils incarnent. Car ce sont bien des points de départ, malgré leur finitude, leur aboutissement, que les créations de Caleme proposent. Ce sont des promesses, des propulsions, des élévations quand bien même elles se font intérieures ou dans le cadre restreint de l’instantané. L’in-fini... « Opera aperta » , « œuvre ouverte », pour reprendre une autre expression d’Umberto Eco, œuvres ouvertes à l’image des oeuvres littéraires, ouvertes sur tous les possibles. À discrétion c’est-à-dire autant que l’on veut, avec toute l’abondance désirable. Albert Camus écrit : « Personne plus que moi n’a désiré l’harmonie, l’abandon, l’équilibre définitif, mais il m’a toujours fallu y tendre à travers les chemins les plus raides, le désordre, les luttes. » Caleme ferait-elle siens ces mots ? L’idée même de tension, comme une corde tendue prête à délivrer sa note, est au cœur de ses compositions. Toutes ses oeuvres en démultiplient l’énergie. Ce sont des pulsions de vie autant que des pulsations. On y retrouve toute la sagesse de l’Asie, condensée dans l’immaculé et le trait, héritage de Bashô, que des poètes japonais plus contemporains comme Ishi Kanta savent perpétuer en haïkus : « Sur la pivoine blanche / un insecte se pose — / trait final ». À ceci près que le hasard n’a pas lieu dans l’art de Caleme, que l’insecte ne se pose pas simplement sur la fleur. Il y a une raison. Le trait n’est jamais réellement final : « œuvre ouverte », opera aperta... Même l’utilisation de la dorure, si elle fait songer à l’art du kintsugi, qui prolonge la vie des objets brisés en leur redonnant vie, elle s’en démarque dans son dessein puisqu’ici les touches dorées 67 sont apportées à des compositions qui ne préexistaient pas, qui demandent à s’épanouir pour une première et définitive fois. Quant au trait que nous avons laissé en suspens, lui-même répond à une intention : non seulement il permet de donner corps au thème de l’opéra-ballet, de l’incarner dans ses motifs principaux, mais il sublime aussi le rapport au réel de l’artiste. Le dessin permet en effet de donner forme à l’énergie des corps... libérés de la gravité... et non sans humour . Dans ce theatrum mundi, dans ce théâtre du monde, la « rapsodie de papier » qu’est son œuvre, comme la nomme Caleme, laisse entendre tous ses accords, avec une discrétion qui se définit en termes de retenue et de sagesse. La comédie humaine n’est pas dénoncée, elle est simplement touchée du bout des doigts, laissée à la discrétion de, au jugement du spectateur. Caleme, elle, s’en tient à sourire au monde et tente d’en retranscrire les beautés par ses sculptures de papier, en symbiose avec cette nature que son œuvre prolonge, Côté jardin - [une] symphonie végétale. Il y a donc bien plus que la matière et les motifs. Un souffle, une vibration. Lorsque le poète - et ambassadeur - Paul Claudel revient de Chine, son attention est portée sur ce qui, dans le poème, est autre chose que le sens. Il écrit : « Le poème n’est pas fait de ces lettres que je plante comme des clous, mais du blanc qui reste sur le papier. » Dans les créations de Caleme, le blanc lui-même ne fait pas l’œuvre ; il en délivre les ombres, les présences. Il marque l’empreinte des mouvements du monde que l’artiste parvient à capturer... sa géométrie sacrée... en toute humilité, en toute légèreté, en toute discrétion. Sylvain HUARD, Critique d’Art

SCULPTURES MURALES

LIVRES D'ART

L’observation profonde de la nature et des lois qui animent les formes du monde conduit ma réflexion artistique. Le langage des beaux-arts guide ma quête de poésie minimaliste. Je sculpte dans la masse mes supports papier pour y matérialiser d’impalpables forces en interactions avec la lumière et le dessin, explorant ainsi, le potentiel esthétique de l'équilibre.  Fresquiste décoratrice pour des bâtiments publics en France pendant une décennie, j'ai migré en Chine et y ai vécu 8 ans. Passant du mur au support transportable, j'y ai fait connaître mes travaux, devenus part de collections privées, j'y ai aussi collaboré à la création d’une école supérieure d’art appliquée (Lisaa). Cette période marquante dans mon parcours a aussi enrichi mon travail de techniques traditionnelles asiatiques, dont celle des arts-papier : Si par affinité, le papier a toujours tenue une place dans mes créations, c'est en Chine que j'y ai renforcé sa présence. Au fil de trois décennies de pratique, il est devenu mon médium principal. Je perpétue cet art au Maroc où je vis maintenant, proche de Rabat. La lumière de ce pays joue un grand rôle dans mes créations, quand sa végétation luxuriante m’inspire un style végétal, que j'abstrais dans des livres d'art et des tableaux en bas-reliefs véhiculés à l’international.

"La simplicité est l'ultime sophistication"

Leonardo da Vinci

bottom of page